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LAPHROAIG
LAPHROAIG
Catégorie :
Distillerie de Malt
Photo : Hugh (très réduite) ©
Pays & Province :
Royaume-Uni, Ecosse
Région :
Islay
Statut :
En Activité
Date de Création :
1815
Nombre d'alambics :
7 (3 Wash Stills, 4 Spirit Stills)
Production Annuelle :
3,3 Millions de Litres
Adresse Postale :
Port Askaig, Isle of ISLAY, Argyll, PA46 7RL
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Description :
Créée en 1810 par Alexander & Donald Johnston, fermiers et fils du fondateur de la distillerie voisine LAGAVULIN, elle fût un temps sous le contrôle de celle-ci. Mais ce n’est qu’en 1815 que démarra vraiment l’affaire. En fait, Donald et son frère Alexander avaient déjà une distillerie illicite, qui ne devint officielle qu’en 1826. Donald racheta la part de son frère en 1836 afin d’en devenir le seul propriétaire mais mourut dans des circonstances dramatiques en 1947 (dans une cuve de fermentation !). C’est à ce moment là qu’Alexander Graham de LAGAVULIN pris momentanément le contrôle de la distillerie, le fils Johnston, Dugald, étant seulement âgé de 11 ans et ne pouvant évidemment gérer son héritage. Ce tutorat de la distillerie par une autre devenant problématique, les deux distilleries seront en procès durant de longues années. Après moult péripéties liées aux décès et héritages successifs des deux familles, donc, elle passe sous la direction d’une femme, Mrs Bessie Williamson entre 1954 et 1972. Deux alambics sont alors ajoutés aux 5 existants (les précédents ajouts datant de 1924 et 1967). La société propriétaire de la distillerie depuis 1975, Whitbread & co revends la distillerie en 1989 au groupe Allied Distillers.
C’est en 1994, date doublement importante, que le Prince Charles accorde sa « garantie royale » (de fournisseur officiel de la cour) que l’on peut lire sur toutes les bouteilles. Mais 1994 est également l’année de la fondation du fameux club de fidélité des « Friends of Laphroaig », un cas unique à ce jour me semble t’il : En effet, bien que la distillerie soit depuis 2005 la propriété du groupe américain Fortune Brands (une holding) et sa division Beam Global Spirits & Wines qui seule subsiste aujourd’hui, la distillerie tient depuis toujours à son indépendance. Elle trouve alors (en 1994) un moyen dynamique et de fidéliser et ses clients et de garantir une dispersion des terres du domaine de la distillerie vers un grand nombre de tout petits propriétaires (plutôt qu’à un seul), qui plus est de consommateurs…Voyez plutôt : Dans chaque tube accompagnant les bouteilles de LAPHROAIG se trouve en effet un livret avec un code qui correspond à un titre de propriété d’une parcelle d’environ un mètre carré de terrain situé à côté de la distillerie et une invitation à s’y rendre pour recevoir son titre de propriété, « son dû » symbolique de la production (une mignonnette du 10 ans d’âge) et on lui prête de quoi parcourir les lieux sans encombres (bottes, caban). Une manière très astucieuse de procéder…Alors même que la sobriété extrême du packaging n’incite pas forcément à acquérir une bouteille, c’est un grand succès… ils sont aujourd’hui plus de 570 000 dans le monde…Par ailleurs elle leur dédie sur la boutique en ligne de son site la possibilité d’acheter des versions spécialement créées pour ses membres.
La distillerie travaille pour son approvisionnement en fûts avec plusieurs distilleries américaines, dont Maker’s Mark, et utilise quasi-exclusivement des fûts ayant contenu du Bourbon. Hormis pour certaines éditions limitées, ou elle peut utiliser des fûts ayant contenu du Sherry (de plusieurs types), et parfois du Porto, c’est le fût de Bourbon (et pas toujours de 1er remplissage) qui est la règle ici. Par rapport à d’autres distilleries de l’île, et surtout par rapport à sa voisine immédiate LAGAVULIN, LAPHROAIG « paie un plus lourd tribut » aux blended-whiskies. En effet, la plupart de la production (soit 90 %) est utilisée pour les blends BLACK BOTTLE, ISLAY MIST, LONG JOHN, mais aussi pour approvisionner BALLANTINE’S. 10 % seulement de la production est réservée aux single-malts, et encore il faut en retrancher une part non négligeable et difficile à quantifier de fûts vendus soit à des intermédiaires (ou « brokers »), soit directement aux négociants, que ce soit sous le nom de LAPHROAIG ou de manière anonyme. LAPHROAIG est sans doute, avec CAOL ILA, le single-malt écossais le plus représenté chez les négociants en termes de quantités de versions disponibles chaque année…
LAPHROAIG est tourbé à près de 40 p.p.m. (le taux de tourbe mesuré en parties par millions de phénols), mais ce taux descend à 25 p.p.m. dans le "New Make" (distillat pur), et encore davantage après 10 ans et retombe à environ 6 p.p.m. dans le 30 ans d'âge.
LA GAMME:
Impossible de parler de LAPHROAIG sans évoquer son 10 ans d’âge, célèbre dans le monde entier pour son goût « médicinal » très marqué (sans doute l’adjectif le plus caractéristique pour cette marque parmi tous les scotchs !) et qui était jadis vendu avec deux étiquettes fort différentes…une au recto parlant de « médicament pour les dents » et l’autre au verso parlant de « scotch whisky » ou « d’Uisge Beatha » ce qui est la même chose…une manière de tromper l’ennemi en quelque sorte (les taxes royales), lorsque cette boisson était à peine autorisée comme médicament. Cette version d’entrée de gamme ne laisse personne indifférent. Elle est assez radicale. Comme pour d’autres distilleries, certaines mises en bouteille des années 1980 (pour l’Italie notamment) étaient bien plus subtiles, douces & complexes que celle d’aujourd’hui, mais non en reparlerons.
A cette version se sont ajoutées d’autres, au fil des années, comme le 10 ans brut de fût (« Cask strength »), lancé (déjà !) la première fois en 1995, et dont certaines versions sont très recherchées (les fameux « red stripe »), puis en 2004 le « Quarter Cask », version sans mention d’âge affinée dans des fûts plus petits et sans filtration à froid (version réservée aux cavistes), le 18 ans (réduit à 48 % au lieu de 40 % pour le 10 ans) lancé en 2009. Récemment, une version au départ un rien expérimentale et limitée est devenue plus régulière, il s’agit de la version dite « Triple-Wood », subissant trois maturations successives, dont une en fûts de Sherry Oloroso, Cette version comporte également du caramel ajouté (comme les 10 et 18 ans) mais titre 48 % au lieu de 40 %.
LES EDITIONS LIMITEES & AGEES:
Je mettrais personnellement dans cette catégorie des éditions régulières mais un peu à part comme les 25 et 30 ans d’âge (plusieurs éditions du 25 ans furent produites, dont une en 2007 et une en 2012, assez différentes). Il existe aussi un 40 ans mis en bouteille en 2001 à 42,4 %. Peu ont eu la chance de le déguster…
Parmi les éditions limitées de ces dernières années, signalons-en juste quelques unes, en trois millésimes. Le plus ancien, le « 1974 », élevé dans 2 fûts de Sherry Oloroso, était un 31 ans d’âge mis en bouteille (910 b.) exclusivement pour La Maison du Whisky en 2005 et titrait 49,7 %. J’ai eu la chance de déguster cette splendeur depuis nettement hors de prix si jamais vous avez la chance d’en trouver. Puis un millésime « 1980 » (issu de plusieurs Sherry Butt semble t’il) de 27 ans d’âge, non testé, ayant donné 972 bouteilles et titrant 57,4 %. Enfin un millésime « 1987 » (un 19 ans d’âge) fut édité en 2006 pour le 50 ème anniversaire de La Maison du Whisky. Il s’agit d’une superbe version de 27 ans d’âge (First Fill Hogshead) titrant 53,4 % et ayant donné 1387 bouteilles.
Par ailleurs, outre des éditions spéciales réservées aux visiteurs du festival « Feis Isle » qui a lieu chaque année sur l’île d’Islay, signalons une édition réservée au marché hors taxe sobrement nommée « P.X. » (affinée en fûts de Sherry de type Pedro Ximenez et titrant 48 %), et d’autres plus récentes dont nous reparlerons. Bien entendu, une autre particularité de la distillerie est la présence de quelques éditions réservées aux amis de la distillerie (les « Friends of Laphroaig » dont je parlais plus haut), nommées « Cairdeas » (ou « amitié », en gaélique). Sans mention d’âge le plus souvent, et non réduites ou peu réduites, elles existent aussi parfois en version âgée comme le superbe 30 ans d’âge mis en bouteille en 2008 et issu d’un assemblage de fûts de Bourbon et de Sherry (1536 bouteilles, réduit à 43 %).
LES VERSIONS DE NEGOCE:
LAPHROAIG est sans doute avec CAOL ILA la distillerie qui a du vendre le plus de fûts aux maisons de négoce et aux courtiers en whisky (dits "brokers"), en plus d'alimenter aussi nombre de blended-whiskies (voir plus haut). Il serait vain de dénombrer toutes les versions de négoce ici, quasiment toutes ont du un jour embouteiller un LAPHROAIG, et plusieurs en embouteillent un à plusieurs chaque année depuis très longtemps !