- Erreur
YAMAZAKI
YAMAZAKI
Catégorie:
Distillerie de Malt
Pays & Province:
Japon
Région :
Honshu (Ile d’)
Statut:
En Activité
Date de Création:
1923
Nombre d'alambics:
16 (mais quasiment tous
de forme différente)
Production Annuelle:
n.c. (? million-s de litres)
Adresse Postale:
5-2-1, Yamazaki, Shimamoto-cho, Mishima-gun, Osaka
_______________________________________________________________________________________________________________________
Description:
La naissance de la première distillerie japonaise de whisky (en tout cas considérée comme telle en général), YAMAZAKI, est indissociable de celle de la fondation des deux futurs grands groupes rivaux producteurs de whisky dans ce pays, à savoir NIKKA et SUNTORY. En effet, avant de décider de partir fonder sa propre société NIKKA et sa première distillerie, YOICHI (en 1934), Masataka Taketsuru, fort de son expérience en Ecosse (parti étudier en 1918 à l’Université de Glasgow, comme dans des distilleries écossais, pour apprendre les techniques du whisky), s’allie à Shinjiro Torii pour lui permettre de fonder sa première distillerie de whisky (S. Torii était dans l’assemblage et le commerce du vin) en 1923, après que ce dernier ait acheté un terrain, entre Kyoto et Osaka, dans une zone isolée, forestière (du bambou), humide, mais tempérée et surtout à proximité des trois rivières qui s’y rejoignent, donnant une eau très pure, provenant du Mont Tenno. Le lieu est également connu pour être le berceau de la cérémonie du thé, puisque c’est là que Sen no Rikyu fonda son premier Palais du Thé au XVI ème siècle. La production de whisky débute fin 1924 à Yamazaki, mais c’est en 1929 que sort le premier whisky de la distillerie, sous le nom de SUNTORY (localement baptisé « Shirofuda »), puis le SUNTORY « White label », qui n’eut d’abord localement que peu de succès. C'est le lancement du « Kakubin » en 1937 qui constituera, selon la distillerie, le véritable premier whisky conçu pour le goût japonais. Puis viendra le SUNTORY "Torys whisky" en 1946, le SUNTORY "Old", en 1950, et enfin le SUNTORY "Royal" whisky en 1960 pour commémorer les (déjà!) 60 ans de l'entreprise. Et ainsi de suite…mais ce n'est qu'en 1984 que SUNTORY lance son premier single-malt en tant que tel.
YAMAZAKI est véritablement emblématique de la complexité, du raffinement et de l’intelligence des meilleurs producteurs de whisky japonais, et ce n’est pas seulement le modèle écossais qui a été choisi ici, mais aussi le modèle irlandais (à telle enseigne que l’on se demande qui précède qui dans ces choix audacieux !) et notamment le gigantisme et la polyvalence des choix de production. En effet, comme Midleton, la distillerie irlandaise (qui produit notamment le Jameson), voire même encore davantage, YAMAZAKI est non seulement une distillerie de malt, mais aussi une distillerie qui pense en même temps « assemblage » au degré peut être le plus élevé possible: Assemblage de milliers de fûts pour les versions régulières du single-malt YAMAZAKI, certes, comme d’autres, mais aussi production de distillats différents qui pourront servir plus tard à l’élaboration des blended-whiskies de la maison Suntory, qui possède les distilleries de malt YAMAZAKI & HAKUSHU (créée elle en 1973) et la distillerie de grain CHITA. La raison profonde : Contrairement à l’Ecosse, il n’y a que peu distilleries actives au Japon, et celles-ci veillent jalousement sur leur distillat. Il est très rare de trouver des blended-whiskies ou des blended-malts japonais composés de single-malts provenant de (groupes) propriétaires différents. Comment procède-t-elle ? En utilisant des types d’orge, des levures (2), des moûts, des niveaux de tourbe (6), de type de chauffe des alambics (2 –feu direct ou vapeur), des formes d’alambics (12+4), des types de fûts (5) différents. Décidement, les successeurs de Shinjiro Torii ont bien appliqué ses préceptes, dont le principe fondateur était « Yatte Minahare », ou « Essaie donc ! ». Et parmi les aphorismes de Torii, citons celui-ci: « On ne peut pas savoir à l'avance si nos efforts engendreront le triomphe ou la médiocrité, à moins d'essayer ».
Ainsi, pour les fûts, la distillerie utilise aussi bien des fûts de Sherry issus de chêne américain, européen, mais aussi issu de fûts de Bourbon, des fûts neufs, et enfin des fûts de chêne japonais. Les fûts de chêne japonais, les fameux « Mizunara », ou « chêne rouge », redécouverts durant la 2 ème guerre mondiale, sont des fûts qui donnent un goût particulier, mais qui sont fragiles, plus poreux que d’autres, et de moindre durée que d’autres -d’où leur coût d’exploitation…(fait sur lequel la distillerie surfe désormais pour augmenter le prix des versions élevées voire affinées dans ce type de fût…mais les distributeurs occidentaux ont aussi leur part dans cette inflation…). La distillerie a par ailleurs modernisé ses installations en 2013, à l’occasion de son 90 ème anniversaire, en réaménageant une ancienne salle de cuves de fermentation pour y accueillir 4 nouveaux alambics, et est en train de construire de nouveaux chais sur un autre site, ce afin d’augmenter de 40 % la production. Le single-malt YAMAZAKI entre bien entendu dans la composition des blended-whiskies du groupe SUNTORY auquel il appartient, à savoir dans le prestigieux « Hibiki » (lancé en 1989), en version 12, 17, 21 et 30 ans d’âge, dont je vous reparlerais par ailleurs prochainement.
LA GAMME :
La distillerie peut donc produire des whiskies de goûts différents et elle ne s’en prive pas. Ainsi, la gamme débutait jusqu’il y a peu par un 10 ans d’âge (qui a un peu disparu de la circulation en France, semble t’il?), très doux, herbacé et léger, puis par un 12 ans d’âge bien plus gourmand et fruité, puis par un 18 ans d’âge encore différent. Je n’ai pas eu la chance de déguster le 25 ans d’âge (les whiskies japonais étant horriblement chers dès le passage d’un certain âge, 18 à 20 ans en général, parfois même avant notamment pour la seule jeune distillerie, CHICHIBU), mais ce single-malt, notoirement fortement marqué par le Sherry, fût élu meilleur single-malt au monde aux World Whiskies Awards en 2012 comme en 2013. D’ailleurs, tout comme son concurrent direct le plus ancien, la distillerie YOICHI, quasiment toutes ses versions ont obtenu des prix internationaux, souvent même au détriment de whiskies écossais.On peut parler d'excellence...
La distillerie dispose également de malts âgés de 30, 35 et 50 ans d’âge. Le 50 ans d’âge fut vendu à 150 exemplaires, dans un somptueux coffret, pour un prix équivalent à environ 7500 € sur place, et ce en quelques jours. C’était sans doute il y a quelques années le plus vieux whisky japonais jamais commercialisé.
La gamme « régulière » si j’ose dire (encore que ces éditions plus ou moins limitées n’arrivent pas toujours en France ou à prix prohibitif) comporte également des versions sans compte d’âge (à l’instar des distilleries écossaises) mais avec la mention du type de fûts : « Bourbon barrel », « Sherry Cask », « Mizunara », « Puncheon », etc…disponibles pour certains en France que depuis deux ou trois années tout au plus.
LES EDITIONS VERITABLEMENT LIMITEES :
Parmi les éditions limitées, signalons-en de prestigieuses, que ce soit le millésime « 1984 », un très subtil 25 ans d’âge sorti en 2009 (issu d’un grand fût de Sherry, un « Sherry Butt », version réduite à 48 %), la série des « Vintage Malt », des small batches peu réduits parfois qui s’avèrent être véritablement de petits chefs d’œuvre sans être forcément très âgés, la série « The Owner’s Cask », des single-casks dont certaines éditions furent réservées au marché français (via La Maison du Whisky-en tout cas jusqu’au changement de distributeur pour la France, l’avenir nous dira si ces éditions limitées perdureront pour la France), sans parler des versions spéciales réservées à différents salons du whisky dont le fameux « Whisky Live Tokyo » ou à celles uniquement vendues à la distillerie.
J’ajouterais que, comme pour d’autres distilleries insuffisamment connues en France (certes, ceci est valable aussi pour toute distillerie), quiconque n’a jamais dégusté ce genre d’édition limitée n’a aucune idée du formidable potentiel de cette distillerie et de la haute qualité de certains fûts ou lots de fûts. Sans vous pousser, vous, lecteurs, vous internautes, à dépenser vos derniers deniers pour aller déguster ces whiskies au Japon, je ne saurais que vous conseiller d’aller au moins une fois dans un grand salon du whisky à l’étranger pour déguster (sur des stands de vente de whiskies spécial « Collector’s », en vente au verre) une de ces éditions, vous ne le regretterez pas…C’est ainsi que j’ai découvert plusieurs de ces rares joyaux en 2011.